CHAPITRE 1 • L'homme au sabre

Quelque part, sur une côte déserte du Pays des Dragons...

L'homme au sabre rêvassait en solitaire sur une vieille barque usée par de trop nombreux voyages. Il mâchouillait un morceau de paille tout en se perdant dans ses pensées. Soudain, une voix vint interrompre sa tranquillité.
??? : Hé, le sabreur ! Ça te dirai de changer le monde avec moi ?
L'homme au sabre ouvrit alors les yeux, agacé. L'homme qui se dressait devant lui portait un énorme sac à dos, comme s'il s'apprêtait à faire un long voyage. C'était un homme de taille moyenne, brun, coiffé d'un vieux chapeau usé, le visage décoré par de grands yeux noisettes et arborant un grand sourire. L'homme au sabre le dévisagea silencieusement avant de froncer les sourcils.
L'homme au sabre : Quel genre d'énergumène es-tu ? Sais-tu au moins qui je suis ?
L'homme répondit avec un sourire presque niais.
??? : Tu es celui que l'on surnomme "le seigneur des ombres" ; Kenshin Shinobu !


Kenshin écarquilla les yeux de surprise. Comment cet homme pouvait connaître son identité et continuer de rester là, stoïque ? Était-ce un inconscient ? Ou bien alors, cachait-il, lui aussi, de nombreux secrets ? Peut-être même, avait-il été envoyé pour le tuer ? Kenshin se redressa et mit un pied hors de son embarquement. Puis, il posa sa main sur son sabre, prêt à dégainer.
Kenshin : Que je vienne avec toi ? Pour quoi faire ? Non, laisse tomber. À vrai dire, même ton nom ne m'intéresse pas. De toute façon, tu seras bientôt mort.
Alors l'homme qui lui faisait face se mit à sourire d'une toute autre façon. Son visage s'était mu dans une expression de défiance.
??? : Je ne mourrai pas ici.
À ces mots, Kenshin dégaina son sabre, pointant sa lame d'ébène en direction de son interlocuteur. Ce dernier ferma les yeux et ricana.
??? : Très bien, battons-nous. Mais, si je gagne, tu viens avec moi !
Kenshin : Et si tu perds ?
L'homme réouvrit les yeux et dit, d'un ton sérieux :
??? : Je ne perdrais pas.
Alors, Kenshin sourit.
Kenshin : Tu commences à m'intéresser !

Ainsi allait débuter un affrontement acharné qui durerait trente jours et trente nuits...

Mais revenons un peu en arrière. Au temps où Kenshin n'était pas encore celui que l'on surnomme "le seigneur des ombres".

Un soir, au Palais du Shogun du Pays des Krakens...

Tout juste âgé de douze ans, le petit Kenshin regardait la pluie tomber par la fenêtre de sa chambre. Cette pièce qu'il n'avait presque jamais quitté, si ce n'est pour aller s'entraîner au dojo avec son père. La vie au palais était ennuyeuse à mourir ; uniquement rythmée par les repas et les entraînements quotidiens. Alors, il lui arrivait de rêver qu'un jour il prendrait la mer et découvrirait le reste du monde. Peut-être, d'ailleurs, que son père n'était que très peu fier de lui. À vrai dire, Kenshin avait horreur de se battre ou même de tenir une arme. Mais voilà, depuis des décennies, la famille Shinobu baignée dans l'art du Madō. Cet art ancestral, mêlant combat au sabre et maîtrise de l'émanation qui avait été inventé par un homme du nom de Tensei Shogotamaru, bien des siècles avant notre histoire. Kenshin en connaissait tous les récits héroiques ; de sa conquête des Îles de la Brume à son combat contre un Kraken.
Toc ! Un son creux retentit. Celui du poing ferme de Kyoshiro Shinobu sur le crâne de son fils.
Kyoshiro : Cesse de révâsser fiston, c'est l'heure de ton entraînement !
Kyoshiro était un homme sculpté dont la taille dépassé les deux mètres. Ses cheveux roux semblait s'embraser lors de ses affrontements. Il faisait partie des Sept Lames du Shogun ; dont le rôle était de protéger leur Shogun avec qui ils entretenaient une certaine proximité.


Kenshin se saisit alors d'un katana en bois et son père en fit de même. Après une courte salutation, Kenshin lança l'offensive ; tentant de toucher le torse de son père. Mais, en un rien de temps, il fût désarmé et finit à terre.
Kyoshiro : Tu es bien trop empressé, fils. Le Madō est avant un art de sagesse. Reprends-ton arme.
Kenshin se releva péniblement et, à peine eût-il le temps de ramasser son katana que son père l'attaqua. Le jeune garçon para péniblement.
Kyoshiro : Quel est notre rôle ?!
Kenshin : P.. protéger le Shogun...
Kyoshiro : J'entends rien !
Kenshin : Protéger le Shogun !!
A cet instant, Kenshin fronça les sourcils et une énergie sombre vint entourer ses mains et son katana. Kyoshiro écarquilla alors les yeux et sembla prendre au sérieux son fils. Le katana de se dernier s'enduit de flammes ardentes et en un coup transversal, il repoussa Kenshin. Kyoshiro reprit son souffle.
Kyoshiro : Kenshin, tu dois apprendre à te contrôler. Tu sais très bien ce que le Shogun pense de ton pouvoir.
Kenshin : Je sais mais, je n'y arrive pas...
Kyoshiro déposa son arme et s'assit en tailleur.
Kyoshiro : Je vois... Tu as encore besoin de réviser. Kenshin, effectue le MA-KEN !
Kenshin sembla perdu un instant avant de se reprendre. Il visualisa une cible devant lui et la frappa d'un coup transversal.
Kyoshiro : RYU-KEN !
Kenshin pointa sa lame vers le sol et frappa de bas en haut.
Kyoshiro : TEN-KEN !
Cette fois-ci, Kenshin pointa sa lame en direction du ciel et frappa de haut en bas.
Kyoshiro : KO-KEN !
Visualisant à nouveau sa cible, Kenshin frappa en pointe en direction du coeur.
Kyoshiro : Voilà un bon garçon. Maintenant recommences !
Kenshin : Mais papa, je...
Kyoshiro : Recommences !!
Kenshin s'exécuta à répéter les mêmes mouvements des heures durant. Finalement, alors que le jeune garçon était en sueur et que tout son corps tremblait, Kyoshiro vint se saisir de son katana.
Kyoshiro : Tu ne fais que frapper. Mais aucun de tes coups n'ont de réelle portée. Tu dois comprendre la signification de chacun de tes mouvements.
Kyoshiro se recula pour garder une distance avec son fils. Soudain, il fléchit ses jambes et se saisit de son sabre.
Kyoshiro : RYU-KEN !!
Son sabre s'enflamma et son mouvement, d'une puissance et d'une précision incroyable, sembla prendre l'apparence d'un dragon. Le sol se fractura et le plafond se déchira. Les flammes vinrent presque caresser le visage de Kenshin qui était resté immobile, comme stupéfait.
Kenshin : Voilà donc la puissance d'une Lame du Shogun... Se dit-il.
Kyoshiro : Tu as pu le voir, Kenshin ? Dit-il, en rangeant son sabre dans son trousseau.
Kenshin : O... oui... C'était comme si un dragon était sorti de ta lame.
Kyoshiro sourit et s'approcha de son fils pour poser, chaleureusement, sa main sur sa petite tignasse ébouriffée.
Kyoshiro : Ce sera tout pour aujourd'hui.

Mais, revenons sur les Terres du Pays des Dragons...

Après 7 jours de combat acharné, Kenshin avait fini par demander le prénom de son opposant ; ce dernier se nommait Rayleigh. Suite à ça, tout deux avaient continué leur combat, faisant des pauses pour partager un repas et dormir. Ainsi, une entente mutuelle s'était crée. Jamais l'un d'eux ne tenta d'attaquer l'autre en traître. Petit à petit, Kenshin avait appris à apprécier son adversaire. C'est après trente jours et trente nuits d'affrontement et, de multiples confessions au coin du feu, que Kenshin finit par accepter de suivre Rayleigh. Après tout, il était impensable pour le sabreur de finir sur un match nul. Peut-être que leur combat pourrait reprendre un peu plus tard, se disait-il. Et puis, Rayleigh rêvait d'aventures tout comme lui.

Cela faisait maintenant une demie-journée que les deux jeunes hommes marchaient en pleine forêt. Rayleigh voulait se rendre dans la boutique d'un forgeon, réputé pour être le meilleur du coin. Mais, il ne semblait pas bien connaître l'itinéraire. Et ce, malgré qu'il essayait de suivre sa vieille carte abîmée.
Rayleigh : Ah, là c'est à gauche ! Euh... non, à droite..!
La patience de Kenshin arrivait à bout.
Kenshin : DECIDE TOI, CRETIN !
Rayleigh : Hé, ça ne sert à rien de crier tu sais... C'est ni bon pour toi ni pour moi. Répondit-il avec son air naïf.
Kenshin ferma les yeux et serra ses dents, exaspéré.
Rayleigh : Allez, encore un peu de nerf, partenaire ! Je suis sûr qu'on y est presque ! Dit-il, plein d'entrain.
Kenshin : Quand ai-je dit que nous étions partenaires..?
Rayleigh se gratta la tête en faisant la mou.
Rayleigh : Et bien, euh...
Il reprit la route, semblant être vexé.

Après une heure de marche supplémentaire, ils arrivèrent finalement devant une petite maison au toit pointu, équipée d'une cheminée. Un petit panneau bancal indiquait "Pero Shop".
Rayleigh : Cette fois j'en suis sûr, nous y sommes !
Il montra un dessin de maison, qu'il avait sans doute fait lui-même, à Kenshin. Celui-ci semblait avoir été fait par un enfant tant il ressemblait plus à un gribouillis sommaire qu'à autre chose.
Kenshin : P... pourquoi est-ce que je m'inflige ça..?
Kenshin commençait à regretter sa décision de suivre Rayleigh.
Les deux jeunes hommes poussèrent alors la porte de la boutique. Dans tous les coins, se trouvaient de belles armures plus brillantes les unes que les autres. Rayleigh ne pût retenir son enthousiasme.
Rayleigh : GÉNIAL !! S'exclama-t-il devant l'une des armures.
Au fond de la boutique, derrière le comptoir, se tenait un nain ; le propriétaire de la boutique, sans nul doute. Derrière lui, une cage contenait une chouette dorée qui se mit à piailler à l'entrée des deux jeunes hommes.
Chouette : TOKI ! MOKI !
Forgeron : Bonjour, jeunes gens. Bienvenue dans ma boutique. Je suis Pero, le forgeron.
Chouette : TOKI ! MOKI ! Continua la chouette.


Kenshin s'approcha du comptoir pendant que son comparse était trop occupé à admirer les armures. Il y déposa son katana.
Kenshin : Bonjour. Pourriez-vous y faire quelque chose ?
Le gérant examina silencieusement la lame d'ébène.
Pero : Eh bien, voilà une belle pièce. Elle nous provient du Pays des Krakens, si je ne m'abuse ?
Kenshin : Exact. Mais, elle est un peu émoussée. J'aimerai faire des réparations. Bien sûr, je vous paierai en fonction.
Pero sourit avant de lui tendre la main.
Pero : Je suis ravi de faire affaire avec toi !
Alors que les deux hommes s'apprêtaient à se serrer la main, ils fûrent interrompus par Rayleigh qui déposa une énorme armure sur le comptoir.
Rayleigh : Je prends toutes les pièces ! Dit-il, avec un grand sourire.
Pero : PETIT CON ! ON NE TOUCHE PAS LES ARMURES ! C'EST MARQUÉ À L'ENTRÉE !
Chouette : TOKI ! MOKI !
Rayleigh : Ah oui ? Désolé ! Répondit-il d'un ton léger en vidant son sac sur le comptoir.
Des pièces en tombèrent. Pero, un brin vexé, se mit à les compter.
Pero : Voyons... 300 Novas* et 90 Fabulas*... Avec ceci tu ne pourras prendre que les gants.
*Les Novas sont l'équivalent des euros et les Fabulas des centimes
Rayleigh : Vraiment ?!
Pero : Et toi, jeune sabreur. Où est l'argent ?
Kenshin chercha dans ses poches sa petite bourse mais, en vain. En se refaisant la scène il se rendit compte qu'il l'avait probablement faite tombée dans sa barque en étant allongé.
Kenshin : Euh... Je... Il semblerait que je n'en ai plus...
Pero : COMMENT ?!
Kenshin s'inclina pour présenter ses excuses. Il jeta un oeil à Rayleigh qui était en train de se curer le nez et lui tapa sur l'épaule.
Kenshin : Fais pareil idiot ! Lui chuchota-t-il.
Rayleigh marqua l'arrêt, le temps de comprendre la situation, avant de s'exécuter.
Kenshin : Nous sommes vraiment désolés, monsieur !
Rayleigh : Nous vous promettons de vous apporter l'argent dés que possible !
Pero : Vous voudriez que je vous avance ? Je ne fais pas ça. Vous pouvez partir.
Chouette : TOKI ! MOKI !
Kenshin récupéra son katana et s'apprêta à partir mais, il se stoppa en voyant que Rayleigh ne le suivait pas. Ce dernier semblait observer la chouette avec admiration.
Rayleigh : Excusez-moi, monsieur...
Pero : Quoi encore ?!
Rayleigh : Cette chouette, vous l'avez depuis longtemps ?
Pero : Je l'ai trouvé sur la route pas loin. Elle ne cessait de répéter "Toki ! Moki !" en boucle et m'a suivi. Je ne sais pas trop pourquoi. Mais elle semble malheureuse ici. Tout ce que je peux lui offrir c'est cette cage. Prenez-la si vous voulez.
Alors, les yeux de Rayleigh s'illuminèrent.

Quelques minutes plus tard, les deux hommes sortaient de la boutique accompagnés de la chouette qui ne cessait de piailler.
Chouette : TOKI ! MOKI ! TOKI ! MOKI !
Kenshin : Bon sang... Quand est-ce que ce piaf va se taire ?!
Rayleigh : Ne prends pas les choses comme ça, Kenshin. C'est peut-être juste son nom ! Pas vrai ? Dit-il en s'adressant à la chouette qui volait à ses côtés.
Chouette : TOKI ! MOKI !
Rayleigh : Hé hé ! Alors c'est décidé, tu t'appelleras Toki-Moki !
Toki-Moki : TOKI ! MOKI !
Kenshin posa sa main droite sur son visage, consterné.
Kenshin : Génial... Me voilà fauché et en compagnie de deux boulets... Et c'est quoi la suite de ton plan, au juste ?
Rayleigh : On va au sud. Direction la ville d'Albarosa ! Je suis sûr qu'on trouvera un moyen de se faire de l'argent, là-bas.
Kenshin : Attends une seconde... Tu attends de moi que je trouve un petit boulot ou un truc comme ça..? Dit-il, en levant un sourcil.
Rayleigh l'attrapa pour lui faire une accolade.
Rayleigh : Allez quoi ! Je suis sûr qu'on se trouvera une petite taverne avec des musiciens et des jolies filles !
Kenshin : Garde tes pensées obscènes...
Toki-Moki : TOKI ! MOKI !
Kenshin : ET TOI, FERME-LA À FIN !
Toki-Moki : TOKI ! MOKI ! TOKI ! MOKI !
Kenshin : ESPÈCE DE SALE PIAF !!
Kenshin tenta d'attraper Toki-Moki mais ce dernier se mit à voler en cercle autour de lui. À chaque fois qu'il passait devant ses mains, Kenshin tentait de l'attraper mais, en vain. Et tout cela pendant que Rayleigh riait avec enthousiasme.
Rayleigh : Je sens qu'on va bien s'amuser, tous ensemble !!

C'était le début d'une grande aventure...